22
août 2004 - Quelle merveilleuse promotion pour l'activité physique ! Ce
week-end, l'éruption a donné l'occasion à de nombreuses personnes de
faire de la marche et du vélo, ... même si c'était après un long
périple en auto, parfois. Comme dans la chanson, ils sont tous venus,
du nord, du sud... pour venir voir la star du moment.
Notre volcan domestique, continue sa mise en scène soignée ... Après
des tressaillements pendant les vacances du président, juste de quoi
alerter les médias nationaux déjà à l'affût, voici venir l'éruption
elle-même un vendredi 13, de quoi satisfaire les superstitieux, puis
maintenant, il programme la coupure - hautement symbolique - de la
route nationale un dimanche (ça, c'est un sale tour pour les gendarmes)
afin que tous les travailleurs puissent venir l'admirer, et de plus à
15h15 , pour qu'ils ne soient pas obligés de se lever trop tôt tout de
même, voyons !
23
août 2004 - St-Pierre - 4h15 -
Après avoir pris un solide petit déjeuner, départ vers le Grand Sud
sauvage. Dès 4h25, c'est la traversée de Grands-Bois, avec un
flot soutenu de véhicules venant d'en face. Un cachalot
est devant, il double un camion de la CGEA qui vide les poubelles.
Malheureusement, le cachalot ne tourne pas à la plate-forme de Grands-Bois, il
continue et entame la longue montée vers Petite-Ile. En face, des
phares carrés et rapprochés, un gyrophare au-dessus, c'est un tracteur
et son énorme remorque qui descendent, à vitesse réduite ... A 4h35, le
pont sur la rivière des
Remparts à St-Joseph
est en vue. A 4h45, le cachalot, enfin, tourne à droite à la
plate-forme de Langevin
! Juste à l'arrêt du "Car Jaune" de Girofles, voici la première
pancarte "route
coupée au Tremblet". Et maintenant, c'est le cortège, deux
cachalots suivis par un nouveau camion de la CGEA (qui lui, ne s'arrête
pas), et une auto ... A 4h 50, passage à Basse-Vallée, et les
deux cachalots vont tourner peu après à la plate-forme du
Baril. La pluie annoncée
Il est 5 h, voici St-Philippe
et la pluie, brusquement, se met à tomber ! A la sortie, encore un
panneau "route
coupée" afin de nul ne l'ignore ... Encore un gyrophare au
loin, c'est un tracteur et sa remorque, vide. Ilet aux palmistes,
les coulées de 1986, dans les phares, puis la ravine des Citrons Galets,
et l'arrêt "Kiosque" est atteint à 5h15. Maintenant voici la
descente dans l'Enclos, le long du rempart, et déjà, malgré la pluie
qui redouble de violence par moments, le ciel, vers le nord, est
rougeoyant par intermittence. Depuis St-Philippe, la
circulation est quasiment nulle, il n'y a plus de phares qui coupent la
nuit, et brutalement, on arrive sur une autre planète, avec des nuages
sur lesquels se reflètent les lueurs de la lave qui bouillonne et des
flammes des incendies ...
De dos, le cinéaste
Alain
Mussard, le lundi 23 août, grand matin, filmant le
troisième bras arrivant sur la route.
Vers 5h30, ce n'est pas la cohue, et il pleut des cordes. Le vélo bien
calé avec un bois de goyavier, à quelques mètres de la coulée, il faut essayer de se faufiler aux premières
loges ...
Enfin deux
autos en face, puis le panneau "route coupée
à 3 km", voici la coulée de 1976 avec le sentier
botanique, une auto grise est garée à droite un peu plus loin, seule.
Encore un panneau "route coupée
à 2 km" ... Sans doute pour redonner espoir à ceux qui
étaient déjà ici, à marcher, samedi et surtout hier ! Et toujours la
pluie qui tombe en rafales ... Voici les premières autos
stationnées au kilomètre 52 depuis St-Pierre, voici des
barrières métalliques, avec un militaire en faction, doté d'une lampe
frontale. Il faut faire immédiatement demi-tour pour revenir se placer
dans le sens du départ, à une centaine de mètres de là, en choisissant
un accotement large et pas trop boueux ... Le spectacle est gratuit, mais il se
mérite ...
Il est 5h25. Une certaine animation règne déjà, et on assiste plus à
des départs qu'à des arrivées ... Dans le noir, le vélo est sorti
de l'auto, les deux lampes avant et arrière sont allumées, et en route
... Les barrières sont passées, dans
l'obscurité, avec, à droite, des tentes de l'armée et deux
camions, voici bientôt la coulée de gratons 2002, celle qui a enseveli une
nouvelle fois la borne Hubert-Delisle,
qui
marquait la frontière entre Ste-Rose et St-Philippe, la route
redescend, un virage à droite, puis à gauche, et toujours la pluie, qui
gicle dans les jambes et le dos, la capuche s'est envolée et se remplit
d'eau, et il faut faire très attention aux marcheurs en groupes qui
occupent sans vergogne toute la largeur de la chaussée, et bien souvent
sans la moindre lumière ! En sept minutes, voici la coulée,
au niveau d'une petite"bretelle" goudronnée, à gauche, juste avant le
kiosque situé à l'entrée de la "route forestière géothermique de
Ste-Rose" ...
L'eau
et le feu
Dans la nuit encore noire, il était facile de continuer sur la route nationale,
la coulée apparaissant bien à une centaine de mètres, justement
au niveau du kiosque, mais une
cinquantaine de personnes sont là, à gauche, sur la fameuse "bretelle".
En effet, la coulée s'étale sur un large front, tout du long de cette
partie bitumée, qui surplombe une zone plus basse, qui se remplit de
lave, progressivement ... Elle mordille même par endroits le
goudron, embrasant les filaos et les goyaviers, s'étirant vers le sud,
par derrière une rangée de végétation qui lutte encore contre le feu
... Le vélo est installé, une grande branche de goyavier à terre servant
de béquille. C'est un premier plan idéal. Mais il faut jouer
des coudes, car malgré le peu de monde, ceux en première ligne se font
prier pour laisser la place aux autres ... Alain Mussard est
présent, avec une grosse caméra numérique sur pied, emmaillotée dans
plusieurs épaisseurs de plastique, posée loin devant, vers le kiosque
et il fait le va et vient entre elle et les premières lignes de
spectateurs ... L'unique gendarme présent se tient au pied d'un tas de
bois brûlé à même la chaussée et il intervient assez sèchement auprès des personnes qui
voudraient dépasser vers le nord sa position sur la "bretelle", ne
serait-ce que d'une semelle.
Vers 6 h, la coulée se
rapproche lentement mais sûrement du vélo, il est temps de se replier ..
Le jour se lève, la lave a atteint le bitume une
seconde fois
Les
"artistes" en pleine action
Il n'intervient pas cependant lorsque plusieurs s'approchent à l'est, à
moins d'un mètre de la coulée, à la "pêche" de la lave en fusion,
qu'ils tentent d'enrouler, souvent avec succès, autour d'une perche de
goyavier, et qu'ils essaient de ramener sur l'herbe pour la
"travailler". Il y en a eu, des artistes créateurs, si on en juge par
le nombre de branches à l'extrémité noircie qui jonchent le
sol... Certains profitent de l'obscurité pour se glisser entre les
pieds de goyaviers encore bien verts pour atteindre la coulée, à l'est
de la "bretelle". Mais le jour se lève, dissipant la féerie de la nuit.
Cependant la coulée progresse toujours en semblant s'étaler sur un
front plus large, avec une alternance de crépitements violents des bois
qui s'enflamment, à quelques mètres de nous, et de grondements plus
lointains ... Un grand filaos s'embrase, des brindilles incandescentes
voltigent, provoquant des exclamations de l'assistance. Des fumerolles
sont rabattues vers le public. Ici, ce n'est pas un mur de
gratons qui arrive, mais une lave pâteuse, cordée, de faible
épaisseur, qui s'étale progressivement. Est-ce son lent cheminement en
tunnels qui l'a rendue ainsi ? La pluie va devenir intermittente, puis
va donner un répit aux photographes ...
Certains
doivent aller travailler ...
Ce sera le moment pour certains de quitter à regret le spectacle ...
pour aller travailler ! Du côté des gendarmes, la relève sera à 6h30.
Le militaire de service sera nettement plus convivial que le précédent,
mais il saura prendre une décision rapide de replis, à 6h45, lorsqu'une
sourde explosion se fera entendre, derrière les spectateurs ! En effet,
la coulée
commençant à attaquer le bitume par l'ouest, un jet de vapeur, de gaz
(?) va sortir brutalement de l'autre côté de la chaussée, à l'est, et
chacun va pouvoir alors se rendre compte que la chaussée était bordée
de chaque côté d'énormes "trous", cachés par la végétation
luxuriante... Certains posent rapidement une main sur le bitume : il
est déjà bien chaud, des gaz doivent s'infiltrer sous la chaussée. Le
vélo est rapatrié, ainsi que la branche de goyavier, vers la
fourgonnette des
gendarmes, garée à l'intersection sud de la nationale et de la
"bretelle". Vers 7 heures,
de nouveaux militaires arrivent, des agents de la DDE vont placer des
barrières et du ruban de chantier plus en aval, sur la nationale
elle-même, et sur la "bretelle" ... La-bas, dans le virage près du
kiosque, un filaos déjà couché sur la chaussée masque l'avancée réelle
de la coulée, Alain Mussard doit battre en retraite lui aussi, des
tourbillons bleutés vont l'envelopper un moment ... Pendant ce temps,
des agents de l'ONF, sacs poubelle à la main, ramassent des bouteilles
et les détritus abandonnés ... Il ne faut malheureusement pas attendre
que le volcan refasse une virginité à l'Enclos, lorsqu'on voit déjà
l'état des coulées même récentes, les détritus n'ayant pas tous la
faculté de disparaître entre les gratons !
D'abord, tremper la perche de goyavier dans la lave, la tourner et la
retourner ...
... puis la soulever sans laisser tomber le morceau de lave
incandescent, c'est tout un art, et on ne réussit pas à tous les
coups.
Le
retour
A 7h15, la pluie revient ... Direction retour vers le sud, doublant plus
souvent que croisant, en
saluant au passage les pompiers, à droite, sous la tente, et des
militaires prenant le petit déjeuner, à gauche, juste avant les
premières barrières. Arrivé au pied du
rempart, peu après le sentier botanique, voici deux vététistes,
toujours sous la pluie. Mais dès Citrons Galets, il ne pleut plus ! A
"Escale Bleue", le soleil arrive ! Un peu d'animation à St-Philippe,
il est 7h46, des enfants attendent aux arrêts de car. Au Baril, les
camions remplis de canne ralentissent la circulation. A 8h, arrivée à
St-Joseph, mais il faudra une demi heure pour arriver au pont de la
rivière des Remparts, alors que la circulation semble fluide dans
l'autre sens ! La descente de Grands-Bois est ralentie également,
jusqu'à l'usine ... Retour aux feux rouges, à la "civilisation" ...
Procurez-vous
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la gendarmerieet l'ONF
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qui présente les dangers et les consignes de randonnées, les
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a. m.
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