A
pied, à vélo, autour de
Saint-Pierre |
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L'éruption du 4 octobre 2005, montée au cratère Dolomieu |
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Lundi
10 octobre 2005 - 4h30 St-Pierre - De grosses averses
cette nuit ont fait craindre le pire, mais le ciel est étoilé. Vers
les Hauts, cependant, tout est gris, mais la météo a prédit une
amélioration ... A la Croisée de 400, le pied de chandelle est illuminé de par-dessous.. Peu de monde jusqu'à la Plaine des Cafres, mais déjà le temps semble se gâter, ce qui se confirme dans les premiers kilomètres de la route forestière et les lacets de la forêt de cryptomérias, les nuages sont déjà là... mais petit à petit, l'espoir revient, comme d'habitude, au niveau du cratère Commerson, du piton Lacroix, où avec les premières clartés de l'aube, la couche nuageuse se déchire pour retrouver les dernières étoiles qui s'éteignent. Au Pas des Sables, le rideau est ouvert, et entre le Demi-Piton et le Chisny, le Piton de la Fournaise apparaît, dégagé ! 5h50 - Sur le parking, à peine une dizaine d'autos sont garées, ainsi qu'un camion bâché de la gendarmerie. Un groupe de jeunes touristes, de langue anglaise, fournit la seule animation, bruyante, du secteur. L'une d'entre elles, en short, ayant manifestement froid aux jambes, cherche désespérément à les protéger avec les manches d'un tricot. Paré, sac au dos, direction le belvédère. Après dimanche, la journée des familles, voici lundi, la journée des retraités ... A droite, près du kiosque, sont rassemblés plusieurs gendarmes. |
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<<< 6h10 - La grille du Pas de Bellecombe est vite atteinte : elle est grande ouverte, et nul portier à l'horizon. Il ne faut pas s'attarder à contempler l'Enclos, curieusement illuminé, avec des ombres rasantes ... |
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>>> Voici la descente du Pas de Bellecombe, son baro, dégagé de sa chaîne et de ses deux gros cadenas. Le soleil est pourtant levé depuis une bonne demi-heure, mais il ne fait pas chaud, le pantalon, le pull en polaire ne sont pas de refus, surtout dans l'ombraz de la descente vers l'Enclos Fouqué .. |
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<<< Au loin, la chapelle de Rosemont apparaît comme le premier point à atteindre. L'ombre portée du Formica Léo, né en 1753, d'après la pancarte incrustée dans une dalle de lave, apparaît gigantesque ... |
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>>> 6h27 - C'est commode, avec le
numérique, plus besoin de noter les temps ! Deux personnes s'attardent
pour faire des photos du Formica Léo, que personne ne songe à
gravir ce matin ... Le piton de la Fournaise lui-même est dans l'ombre. |
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<<< 6h47 - A la bifurcation, deux gendarmes sont déjà à pied d'œuvre, direction obligatoire à gauche, vers la Soufrière, car le sentier direct vers le cratère Bory est fermé par des guirlandes de ruban de chantier. Et on le verra, l'ONF n'a pas lésiné sur les rubans, il y en a bien plusieurs centaines de mètres qui vont flotter au vent, qui seront à récupérer une fois l'éruption terminée ... Dans la forêt de Ste-Rose/ St-Philippe, il en reste, des séquelles du balisage vers les coulées se jetant à la mer et le long de la falaise ! |
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>>> Et c'est la lente ascension vers la Soufrière, trou à l'origine
de quelques mètres de large et qui, depuis les années 60, ne fait que s'agrandir
à chaque effondrement, en témoignent les différentes clôtures aux fils
métalliques hideux. |
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<<< 7h24 - La bifurcation avec le sentier vers le cratère Bory annonce la proximité de la Soufrière ... Impossible de faire le tour des cratères, c'est interdit. Il faut longer maintenant un ruban de chantier soigneusement coincé sous des roches volcaniques, tout du long de la Soufrière, et dissuadant d'accéder directement au bord du cratère ... C'est d'ailleurs plus prudent, quand on voit les coulées d'éboulis, les surplombs ... Attention, suivez bien les marques de peinture blanche ... et non pas les mouchoirs en papier, qui, lorsqu'ils ont été mouillés depuis quelque temps, bien agglomérés, peuvent y ressembler furieusement, en collant à la lave ! |
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>>> Une pause, pour boire et, en se retournant, admirer les caldeiras encastrées, toutes témoins de gigantesques effondrements à la suite d'éruptions ayant entraîné la vidange de poches magmatiques : la première, celle de l'Enclos Fouqué, datant de cinq mille ans, puis une seconde, celle des Sables, de 65 mille ans, qui cache ensuite celle des Remparts, formée il y a environ deux cent mille ans ... Au fond, le Piton des Neiges (3070 m) et à gauche, le Grand Bénare (2 898 m). |
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>>> 7h33 - La Soufrière (2 517 m) vient d'être dépassée, et voici le premier point
de vue sur l'intérieur du cratère Dolomieu. Deux gendarmes sont
présents , et pour le moment, sont présents une petite
dizaine de randonneurs ... le plus souvent âgés. |
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>>> Des grondements, des claquements se
répercutent et s'amplifient, comme dans un véritable amphithéâtre ... |
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>>> Le cône éruptif dans le cratère Dolomieu, le lundi 10 octobre 2005 au matin (photo recadrée) |
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>>> 7h39
- départ pour le second point de vue, plus au sud, en contournant le
Dolomieu par l'est |
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>>> 8h - Arrivée au deuxième point de vue officiel. Ce n'est pas encore la foule ... Le seul touriste présent d'ailleurs se fait photographier par l'unique gendarme présent également (un second arrivera peu après). Ici aussi, l'ONF n'a pas lésiné sur le ruban, et les poteaux, apportés à dos d'homme ... d'autant plus que c'est là que se situe le point le plus bas du bord du cratère, et qu'une pente douce dans les lapilli - témoin d'une ancienne éruption à flanc - permettrait d'accéder à l'intérieur du cratère, si cela n'était interdit depuis un arrêté préfectoral de 1992. Il est vrai que la topographie de l'intérieur du cratère Dolomieu change pratiquement tous les ans, rendant la carte IGN obsolète, l'enclos Vélain, le piton Gueule Rouge ont disparu depuis longtemps, le niveau lui-même a changé, la croûte peut être fragile par endroits et déceler de véritables chausse-trappes, la vidange des chambres magmatiques pouvant receler des cavités ... On est loin du mamelon central décrit par Bory de Saint-Vincent au début du 19è siècle, le cratère Dolomieu datant lui-même de 1931, soit pratiquement hier ! |
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>>> 8h07 - Un
autre courageux arrive, et nous sommes trois maintenant, entre les
rubans, au plus près possible, à mitrailler vers le cône, qui doit bien
être à 600 - 700 mètres, en mesurant approximativement sur la carte
... Le gendarme de faction discute agréablement avec les randonneurs, se renseigne
même, car il appartient à une brigade tournante, arrivée sur l'île
récemment pour une visite ministérielle, et restée provisoirement pour
encadrer l'ouverture de l'Enclos au public. La connaissance
du terrain lui manque et il découvre qu'on peut faire le tour complet du
cratère habituellement ... |
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>>> Séance photos : heureusement le mode rafale permet
d'augmenter les chances d'accrocher un peu de
vermillon sortant du cratère, compensant la latence du déclenchement. A cette distance, un supertélé est
indispensable, et on ne peut qu'être déçu du résultat en voyant les
photos publiées dans les journaux ... C'est frustrant ! |
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>>> C'est l'attente du moment où ... tout jaillit plus haut qu'avant !
Mais c'est une éruption déjà rôdée, en période de croisière, qui
poursuit un crachouillis dans un train-train devenu habituel, qui ne veut
pas surprendre les gens et les obliger à battre en retraite rapidement ... |
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>>> Il ne faut pas être concentré uniquement sur l'intérieur du cratère
Dolomieu ... Les pentes extérieures sont, elles aussi, dignes
d'intérêt, et qui sait, demain, dans une semaine, un mois, elles
s'entrouvriront peut-être à cet endroit précisément ... |
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>>> 8h23 - Ce n'est pas encore la foule, mais les deux gendarmes vont avoir parfois l'occasion de donner de la voix, lorsqu'un des spectateurs veut s'approcher d'un peu trop près du bord ... Assis du mauvais côté du ruban, un agent de l'ONF en fera même les frais plus tard, ayant mis un parka sur son uniforme vert, et malgré la présence de son collègue et de leur instrument, la pince à ramasser les papiers, il sera obligé de montrer son écusson ... |
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>>> Le panneau rappelant l'interdiction de la descente dans le cratère
Dolomieu est en bonne place, au niveau de descente en pente
douce dans les lapilli, justement, là où de nombreuses traces de chaussures sont visibles
... |
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>>> Vers 11h, une haute silhouette à la marche rapide, armée de la pelle métallique, suivie dans son ombre par une autre plus petite, sautillante, annoncent l'arrivée de Thomas Staudacher, directeur de l'Observatoire, et de son assistante. Ils vont dévaler la pente de lapilli, à la rechercher d'un point d'échantillonnage ... ils vont piquer directement en direction du cône, puis ils feront demi-tour, pour se diriger vers le front de coulée au nord-est. A ce moment, un magnifique débordement se produit au sud, avec une langue rougeoyante de plusieurs mètres. Malheureusement, le portable ne passe pas dans l'intérieur du cratère ! Thomas Staudacher semble avoir trouvé un lieu propice : il enfile prestement sa tenue scintillante, s'approche, enfonce la pelle à long manche, la retire vivement, dégage la masse en fusion et encore plus rapidement plonge l'échantillon dans l'eau de la "gamelle", qui va bouillonner un instant .. |
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>>> Il est 11h30, le temps de revenir vers le le parking du Pas de Bellecombe, qui
sera atteint vers 13h30, après quelques arrêts, dont un au premier point
d'observation, où une foule est alignée sur plusieurs dizaines de
mètres. Ensuite de nombreux pèlerins seront croisés, deux chiens (dont un
dans les bras de son maître), plusieurs bébés, confortablement assis, à
l'ombre, transportés sur le dos
de leur père, des touristes en simple débardeur et tête nue, une dame en
jupe et ballerines, un monsieur, doté d'un solide embonpoint, torse nu ... les
uns marchant d'un pas décidé, d'autres présentant des signes
précurseurs de fatigue - Dites, c'est bientôt le bord du cratère ?
-, mais tous animés d'un enthousiasme à peine terni par le commentaire
désabusé de certains marcheurs sur le chemin du retour qui distillent,
insidieusement, sur le ton de la confidence - Bah ! ... pas grand chose
... c'est trop loin ... cela ne pas saute très haut ... - |
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Procurez-vous à la Maison du Volcan et dans les Offices du Tourisme le dépliant édité par la préfecture de la Réunion, en partenariat avec l'Observatoire volcanologique, la gendarmerie et l'ONF : Piton de la Fournaise, conseils et prévention, qui présente les dangers et les consignes de randonnées, les différentes phases d'alerte, des conseils, des chiffres-clés et les numéros de téléphone à retenir. | |
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photos
a. m.
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